Au Stade Toulousain, les présidents des 13 CCI territoriales, les grands partenaires économiques et l’État ont scellé plusieurs conventions stratégiques avant de tirer la sonnette d’alarme : la baisse d’un tiers du budget des Chambres fragiliserait un pilier essentiel du développement économique régional.
En Occitanie, les actions des CCI contribuent directement à la création, au développement en France et à l’international, et à la transmission des entreprises, à la formation des jeunes et salariés et à la dynamisation des filières clés. (Photo Dorian Alinaghi)
Le jeudi 23 octobre, la CCI Occitanie a réuni l’ensemble de son réseau au Stade Toulousain à l’occasion d’Occinergies, grand rendez-vous régional organisé en marge de son Assemblée générale. Autour de Jean-François Rezeau, président de la CCI Occitanie, se sont rassemblés les présidents des 13 CCI territoriales, les directeurs généraux, les élus consulaires, les collaborateurs et de nombreux partenaires institutionnels. L’objectif affiché : partager les grandes orientations du réseau consulaire, consolider les alliances économiques régionales et défendre la place des CCI dans un contexte budgétaire tendu.
En ouverture, Jean-François Rezeau a insisté sur le rôle collectif du réseau : « les CCI sont un outil unique au service des entreprises et des territoires. Leur action quotidienne dans l’accompagnement, la formation et le développement économique constitue un maillon essentiel du service public de proximité. »
Des partenariats structurants pour renforcer le maillage territorial
Avant d’aborder le volet politique de l’après-midi, la séance a été marquée par la signature de quatre conventions majeures. Ces partenariats traduisent la volonté du réseau consulaire d’agir concrètement aux côtés de ses partenaires publics dans les domaines de la prévention des risques, de l’emploi, de la formation, de l’analyse économique et du soutien à l’industrie.
La première convention a été conclue avec la Banque de France Occitanie, représentée par Christine Bardinet, directrice régionale. Ce rapprochement permettra d’enrichir la connaissance des dynamiques économiques régionales et de croiser les données territoriales au service des entreprises.
« Cette convention nous permettra d’éclairer davantage nos analyses et d’affiner la lecture des réalités économiques de terrain, en particulier pour les TPE et les commerces de proximité », a expliqué Christine Bardinet, évoquant un partenariat “technique mais décisif” pour la lisibilité des territoires.
La deuxième convention a associé la CCI Occitanie, France Travail et le réseau des Missions Locales, en présence de Karine Meininger, directrice régionale de France Travail, et de l’Association régionale des Missions Locales. Ensemble, ils entendent coordonner leurs actions pour mieux répondre aux besoins de recrutement des entreprises et renforcer la sécurisation des parcours professionnels des jeunes et des personnes éloignées de l’emploi.
« Cette signature symbolise une première en Occitanie : une approche unifiée de l’emploi, du recrutement et de la montée en compétences », a souligné Karine Meininger. « Les Missions Locales seront des partenaires de proximité pour faire connaître l’entreprise, développer les compétences et encourager l’entrepreneuriat », a ajouté le représentant du réseau régional.
Une autre convention, d’une portée sociale et préventive, a été signée avec les CARSAT Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon, représentées par Joëlle Traniello et Éric Michon. Ce partenariat vise à renforcer la coopération sur les risques professionnels, la santé au travail et la retraite.
« Depuis la première convention en 2019, nous avons élargi notre champ d’action à l’ensemble de la région et aux thématiques de prévention et de retraite. Notre mission commune : accompagner les entreprises sur le terrain, les former, les outiller et prévenir les risques », a rappelé Éric Michon.
Enfin, la préfecture de région Occitanie, représentée par Pierre-André Durand, préfet de région, a officialisé la mission confiée à la CCI Occitanie en tant que chef de projet du programme Territoires d’Industrie.
« Ce dispositif vise à renforcer l’attractivité et la résilience des territoires industriels situés en dehors des métropoles. Quinze territoires d’industrie sont identifiés en Occitanie, chacun doté d’une gouvernance et de financements spécifiques. La CCI en assure l’animation stratégique », a précisé le préfet.
Celui-ci a également salué la qualité du dialogue entre l’État et les chambres consulaires : « dans un contexte économique et géopolitique complexe, les CCI sont un relais essentiel du service public économique. Leur mission de proximité, de conseil et d’accompagnement doit être confortée, non affaiblie. »
Un cri d’alerte sur le Projet de Loi de Finances 2026
La seconde partie de l’événement a pris un ton plus politique.
À la veille des débats parlementaires, les présidents des CCI d’Occitanie ont tenu à exprimer leur inquiétude face au Projet de Loi de Finances 2026, qui prévoit une baisse d’un tiers du budget des Chambres de Commerce et d’Industrie. Pour la région, la coupe représenterait plus de 10 millions d’euros de pertes, mettant en péril les missions de proximité.
Jean-François Rezeau a rappelé que malgré une baisse de 66 % des dotations depuis 2013, le réseau a su maintenir son efficacité. En 2024, les CCI d’Occitanie ont accompagné 130 000 entreprises et porteurs de projets, formé 60 000 jeunes et salariés, et contribué à la dynamique des filières clés (industrie, tourisme, commerce, énergie, numérique, mobilité, économie bleue…).
« Ce projet de loi menace l’un des derniers réseaux publics de proximité au service des entreprises. En Occitanie, ce sont des milliers d’entrepreneurs, d’apprentis et de salariés qui seraient directement impactés. Nous demandons un financement stable et équitable pour garantir la continuité du service économique de proximité. »
Selon une étude OpinionWay 2025, chaque euro investi dans les CCI génère cinq euros de valeur économique. Un retour sur investissement que le président Rezeau qualifie de « démonstration factuelle de l’utilité du réseau consulaire ».
Un réseau mobilisé et des élus déterminés
L’ensemble des présidents des CCI territoriales ont tour à tour rappelé leur engagement commun. « Les CCI sont souvent le dernier maillon public dans certaines zones rurales. Les priver de moyens, c’est affaiblir directement les territoires », a souligné un président de chambre. « Les entreprises ont besoin de proximité, de conseil et de réactivité. C’est ce que nous faisons chaque jour », a ajouté un autre élu.
De nombreux parlementaires ont par ailleurs exprimé leur opposition à cette coupe budgétaire lors des débats en commission des finances. Le réseau consulaire compte sur eux pour défendre la survie de ce service public économique lors des votes en séance plénière.
Le réseau des CCI d’Occitanie, composé de 13 chambres territoriales et de la CCI régionale, représente 370 000 entreprises.
Il agit dans tous les domaines clés du développement économique : création, reprise et transmission d’entreprises, financement, internationalisation, emploi, ressources humaines, transitions écologique et numérique. Premier formateur après l’Éducation nationale, il regroupe 40 sites de formation initiale et continue, dont Purple Campus (19 sites), Toulouse Business School et Montpellier Business School. Le réseau gère également 31 infrastructures stratégiques : ports, aéroports, parcs des expositions et plateformes logistiques. Son rôle d’amortisseur économique et d’accélérateur de business en fait un acteur incontournable du tissu entrepreneurial d’Occitanie.
Un mot de conclusion : défendre la proximité économique
En clôture de la séance, Jean-François Rezeau a rappelé la ligne directrice de cette mobilisation :
« Ce n’est pas un combat pour une institution, c’est un combat pour les entreprises. Derrière chaque CCI, il y a des chefs d’entreprise, des apprentis, des salariés, des territoires entiers. Les CCI ne sont pas un coût, mais un investissement pour l’avenir économique de notre pays. »
Le président a réaffirmé que le réseau consulaire resterait uni et combatif, dans le dialogue avec l’État, pour que la proximité économique continue d’être un levier majeur du développement territorial en Occitanie.