Portrait. Farzaneh Aiglon : une consultante toulousaine aux projets sans frontières

Consultante indépendante en développement commercial et marketing international, Farzaneh Aiglon accompagne des dirigeants sur les cinq continents. À travers un regard singulier et des convictions ancrées, elle construit des stratégies commerciales sur mesure et aide les entreprises à dépasser leurs frontières. Rencontre avec une femme qui pense global, agit en réseau et n’oublie jamais l’importance du lien humain.

Farzaneh Aiglon intervient également dans 12 écoles de commerces en France et en Suisse. (Photo Dorian Alinaghi Entreprises Occitanie)

Farzaneh Aiglon intervient également dans 12 écoles de commerces en France et en Suisse. (Photo Dorian Alinaghi Entreprises Occitanie)

Lorsqu’elle arrive à Toulouse il y a plus de vingt ans, Farzaneh Aiglon ne parle pas un mot de français. Ce point de départ, elle ne le présente ni comme un frein, ni comme un exploit. Plutôt comme un fait. Avec discrétion mais détermination, elle entreprend alors un double cursus : l’université Jean Jaurès, puis Toulouse Business School, en parallèle d’une alternance au sein de plusieurs entreprises américaines. Ces premières expériences posent les bases de sa carrière : exigence, adaptation, pragmatisme.

« J’ai toujours travaillé dans des environnements internationaux. Je pense avoir collaboré avec plus de cinquante nationalités différentes. Au départ, c’était en marketing et développement commercial, souvent dans l’aéronautique ou le médical. Puis les missions se sont multipliées, dans des secteurs variés, toujours avec une portée mondiale. »

Une consultante à contre-courant

Quand la crise du Covid éclate, elle quitte son poste salarié. Plutôt que de chercher un nouvel employeur, elle crée une voie qui lui ressemble. Grâce à un réseau solide, patiemment tissé, elle décroche ses premières missions en tant que consultante indépendante. Et depuis, elle enchaîne les projets avec des entreprises basées aux États-Unis, au Canada, au Moyen-Orient, en Australie ou en Suisse. Sa clientèle est aujourd’hui intégralement étrangère.

Sa méthode ne repose ni sur une grille toute faite ni sur des recettes. Elle parle d’ajustement, de précision, de co-construction. « Je ne propose jamais la même stratégie à deux clients. Chaque entreprise, chaque culture a ses propres mécanismes, son propre rythme. Je m’adapte, j’écoute, je propose. Mon rôle, c’est d’apporter de la valeur, pas d’appliquer des modèles. »

Travailler avec des dirigeants exigeants

Farzaneh Aiglon accompagne directement des dirigeants d’entreprise, sans intermédiaire. Des décideurs aux profils variés mais souvent très exigeants. « Ce sont eux qui me contactent. Ils veulent redéfinir leur stratégie commerciale, de prospection ou de marketing. Travailler avec ces personnes-là demande beaucoup d’écoute, une grande capacité d’analyse, et une confiance mutuelle. »

Ce lien de confiance, elle le cultive avec rigueur. Elle le sait : dans un monde saturé d’outils, d’IA et de protocoles, la qualité de la relation humaine reste un levier clé. « Tu peux avoir toutes les solutions du monde, mais si tu ne sais pas laquelle choisir, ou comment l’appliquer dans un contexte donné, tu perds l’essentiel. C’est là que j’interviens. Je ne remplace rien ni personne, mais je crée du sens et du lien. »

Les barrières des entreprises dans leur implantation à l’international : langue, réseau, réalité du terrain ?

Son regard sur les entreprises françaises qui souhaitent s’internationaliser est à la fois lucide et encourageant. Elle identifie plusieurs freins fréquents : la langue notamment l'anglais, non pas au niveau basique, mais dans sa dimension business ; le réseau, ensuite, souvent insuffisant ou mal ancré dans le pays cible ; puis, l’absence d’étude de marché, de stratégie RH ou de budget adapté.

« Certaines entreprises pensent qu’une stratégie valable en France fonctionnera à l’étranger. Ce n’est pas le cas. Il faut comprendre les usages locaux, s’immerger. Aller sur place est indispensable. Rien ne remplace l’observation directe, les échanges humains, les retours terrain. »

Créer des feuilles de route concrètes

Ce qui séduit ses clients, c’est sa capacité à proposer des plans d’action clairs, opérationnels, et adaptés. « Je structure des feuilles de route de 10 à 20 étapes, à suivre sur 3 à 6 mois. C’est très rassurant pour eux. Ils ont une direction, un cadre, et savent quoi faire, dans quel ordre. Ce n’est pas du conseil théorique, c’est du concret. » Elle le constate au fil des projets : ce cadre favorise l’autonomie, la montée en compétences, et la réussite des actions sur le long terme.

Interrogée sur ses défis personnels, Farzaneh Aiglon évoque avec sincérité sa position de femme étrangère vivant à Toulouse, loin de Paris, souvent dans un monde d’hommes. Plutôt que de parler d’équilibre, elle préfère la notion d'harmonie de vie.

« L’idée d’un équilibre parfait entre les sphères pro et perso est illusoire. Ce que je recherche, c’est une forme d’harmonie, où je peux passer d’un rôle à l’autre avec fluidité : femme, maman, épouse, consultante. C’est un mouvement permanent, pas une ligne droite. »

L’Occitanie comme tremplin

Ambassadrice de la ville de Toulouse depuis 2016, elle reste profondément attachée à son territoire d’adoption. Elle parle d’un écosystème riche, dynamique, inspirant. « Toulouse est bien plus qu’un pôle aéronautique. Il y a ici une créativité, une énergie, une envie d’entreprendre que je valorise à l’international. Beaucoup de mes clients étrangers découvrent cette région grâce à moi. »

Ceux qui ont fait appel à Farzaneh Aiglon parlent d’un regard extérieur qui clarifie, d’une énergie tournée vers l’action, d’une capacité à structurer l’incertain. Elle ne promet pas de miracle, mais s’engage à 100 % dans la réflexion stratégique et le pilotage de la mise en œuvre.

Elle conclut avec une conviction profonde : « Dans les années à venir, les métiers du conseil ne vont pas disparaître. Mais seules les personnes capables de créer de la confiance, d’interpréter, d’adapter, de ressentir… resteront. Ce n’est pas une question d’outils, c’est une question de lien. Et c’est là-dessus que je fonde mon travail. »

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