Lancé à l’automne 2023, le laboratoire commun entre EPSI, unique concepteur-fabricant français de systèmes radar à onde continue, et IMT Mines Albi, trace un premier bilan prometteur. À la croisée de l’intelligence artificielle et de la détection, cette collaboration donne déjà naissance à des applications industrielles innovantes.

Un des projets phares de Epsi, Sentinis. (Photo Epsi)
Un an après la création de leur laboratoire commun, EPSI et le Centre Génie Industriel (CGI) d’IMT Mines Albi confirment l’intérêt de leur partenariat. L’objectif de cette structure conjointe : faire progresser les capacités des radars à onde continue à travers une meilleure exploitation de l’intelligence artificielle, notamment en matière de traitement de signal, de données et d’algorithmes. Les travaux engagés témoignent d’une volonté partagée de transformer la recherche fondamentale en solutions directement applicables à l’industrie.
Deux thèses pour repousser les limites des radars
Au cœur des travaux menés au sein de ce laboratoire, deux thèses de doctorat structurent les recherches en cours. La première vise à créer un générateur de données pour entraîner les IA radar, en réponse à un enjeu crucial : l’absence de bases de données adaptées dans certains contextes de détection spécifiques. Cette avancée permet de produire des ensembles de données synthétiques capables de simuler des situations réelles, notamment pour la détection de drones ou d’animaux.
La seconde thèse s’intéresse à la multimodalité, c’est-à-dire à la combinaison de plusieurs types de capteurs (caméras infrarouges, stations météo…) afin de fiabiliser les détections dans des environnements complexes. L’ajout de ces capteurs et le traitement croisé de leurs signaux permettent de mieux distinguer les vraies menaces des fausses alertes.
« L’utilisation de la multimodalité est un axe clé pour l’avenir des radars. Cela nous permet non seulement de diversifier les types de données traitées mais aussi d’améliorer la performance de nos systèmes dans des environnements complexes », souligne Lucile Canourgues, directrice adjointe d’EPSI.
« Ces travaux de thèse repoussent l’état de la connaissance actuelle autour de l’IA et des radars. Grâce à l’ajout de capteurs multimodaux, nous avons franchi un cap dans la détection », complète Aurélie Montarnal, enseignante-chercheuse à IMT Mines Albi.
Une industrialisation rapide des résultats
Si la collaboration porte ses fruits sur le plan scientifique, elle se distingue également par sa capacité à convertir rapidement les résultats obtenus en innovations concrètes. Dès cette première année, EPSI a pu intégrer les avancées issues du laboratoire dans l’évolution de ses produits. Son radar PSR-ESW, capable de détecter des intrusions dans des espaces restreints jusqu’à 150 mètres quelles que soient les conditions climatiques, bénéficie déjà des nouveaux algorithmes mis au point.
« Cette collaboration nous permet de passer de la recherche à des solutions concrètes rapidement puisque toutes les études sont menées dans cet objectif d’industrialisation future », indique Lucile Canourgues. « Nos équipes travaillent en étroite collaboration avec le Laboratoire Commun pour rendre ces innovations accessibles à nos clients et répondre à leurs futurs besoins. »
Un ingénieur de recherche a d’ores et déjà été intégré au laboratoire pour fluidifier les échanges entre la recherche académique et les besoins industriels. L’ambition affichée est de poursuivre les travaux jusqu’en 2028, avec comme ligne directrice la valorisation des avancées scientifiques dans des solutions radar plus performantes et adaptées à la réalité du terrain.