Réforme des retraites : explications par la députée Corinne Vignon

Corinne Vignon et Pierre-Marie Hanquiez

Corinne Vignon et Pierre-Marie Hanquiez

« Nous avons le système de retraite le plus avantageux du monde » indiquait Corinne Vignon, députée LREM de la 3ème circonscription de Haute-Garonne, ambassadrice des retraites sur l’Occitanie, en introduisant sa présentation de la réforme lors de son intervention au Medef 31, le 4 novembre dernier. Un mois avant le 5 décembre, un éclairage précieux sur à la fois le projet et la bataille politique en cours par celle qui préside le groupe de travail sur la réforme des retraites à l'Assemblée nationale. L’épilogue est prévu en juin 2020 avec le vote du Parlement. En attendant la discussion est ouverte.

Les Français, malgré la plateforme sur les retraites en ligne très bien faite, n’ont pas une connaissance précise du contenu du projet, de l’état des lieux, des enjeux ! Ceux qui ont le plus à perdre ont déjà pris les devants de la scène médiatique. Il faudrait pourtant que chacun prenne le temps de lire et comprendre ! Aujourd’hui, le montant moyen des salaires perçus par les actifs est inférieur au montant moyen des pensions versées aux retraités. Imaginé au sortir de la seconde guerre mondiale avec 4 actifs pour 1 retraité, le système fonctionne avec 1,7 actif et passera à 1,5 actif. Chaque année, 650 000 personnes partent à la retraite, 500 000 retraités meurent.  La situation se stabilisera à terme. 14% du PIB est aujourd’hui consacré au financement du système, c’est bien plus qu’ailleurs en Europe pour un montant de 308 milliards d’euros prélevés sur l’économie française. Le système actuel est profondément inéquitable, illisible avec ses 42 régimes différents. Les régimes spéciaux comme ceux de la RATP, la SNCF, EDF…sont déficitaires pour prés de 7 milliards d’euros,  prélevés sur le régime général, sur les factures de gaz et d'électricité, leurs salariés bénéficient de conditions de départ à la retraite et de montant de pensions largement supérieurs à la moyenne. Exemple : 60% des pensions des salariés de la RATP sont ainsi payées par les contribuables qui viennent combler le déficit de ce régime spécial-départ à 56 ans avec 3700 euros brut par mois de pension.

La réforme propose d’instituer un régime universel, simplifié, soutenable par l’économie et adaptable dans le temps. 1 euro cotisé donnera les mêmes points pour tous, 1 point pour 10€. Le taux de cotisation sera harmonisé à 28,12%. « En 2025 le système bascule, l’ensemble des régimes, général, complémentaires, spéciaux disparaîtront » soulignait C. Vignon. Personne ne touchera moins de 85% du Smic net pour une carrière complète. Un enfant donnera 5% supplémentaires, en cas de divorce c’est le juge qui décidera si le couple ne s’entend pas. Le système de réversion des pensions sera harmonisé. Un budget retraite à part sera créé. La pénibilité sera prise en compte. Toutes les réserves des 42 régimes seront fondues dans un seul fonds doté de 160 milliards. Le montant est suffisant pour encaisser une crise économique grave et garantir le paiement des pensions !  Les réserves seront gérées paritairement par l’Etat et les partenaires sociaux avec un conseil d’administration où siégeront les représentant des métiers. En résumé, la réforme profitera d’abord aux femmes et à tous ceux qui ont eu des carrières hachées, aux petites salaires. D’après Corinne Vignon, la clause du grand-père qui impliquerait que seuls les nouveaux embauchés des régimes spéciaux soient concernés par la réforme, ne sera pas inscrit dans la loi. Dans son rapport, Jean-Paul Delevoye, le haut-commissaire chargé par le gouvernement du dossier, préconise bien un basculement en 2025 avec des périodes de transition pour les actuels salariés des régimes spéciaux. Mais l’application de la réforme ne serait toutefois pas repoussée dans 40 à 50 ans. La communication du gouvernement n’a pas été très claire sur ce point comme sur l’âge de départ à la retraite. « Ce sont les élus qui auront le dernier mot » indiquait C. Vignon. Un gros travail de communication reste à faire vers le public. Concernant les plus hauts revenus, au-delà de 120 000 euros nets par an, la cotisation sera ramenée à 2,81%. Un peu plus de 300 000 personnes seraient concernées.

La question du travail des seniors a été mise sur la table en fin de réunion par Pierre-Marie Hanquiez, le président du Medef 31. Le taux d’emploi des seniors reste insuffisant en France même s’il a progressé. Trop de personnes quittent la vie active avant l’âge légal de départ à la retraite, représentant une perte sèche pour l’ensemble de la société. Le système de cumul de retraite et d’activité est complexe et peu efficace, 13 500  personnes à peine l’exploitent. C. Vignon a évoqué la possibilité d’introduire un système de retraite progressive plus souple et incitatif. Des membres du Codir ont suggéré des pistes comme de modifier le contrat de travail pour faciliter le maintien des seniors en entreprise, d’anticiper avec la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences.

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