Sécheresse. Vives inquiétudes autour de la ressource en eau dans le bassin Adour-Garonne

La situation des cours d’eau en Occitanie, et plus globalement dans le bassin Adour-Garonne, est plus problématique en 2023 qu’en 2022. Les pouvoirs publics tirent déjà la sonnette d’alarme alors que l’été n’a pas encore commencé…

La situation des cours d'eau et de la ressource en eau est suivie de très près par les pouvoirs publics à Toulouse et en Occitanie. (Photo : Anthony Assémat - Entreprises Occitanie)

La situation des cours d'eau et de la ressource en eau est suivie de très près par les pouvoirs publics à Toulouse et en Occitanie. (Photo : Anthony Assémat - Entreprises Occitanie)

« L’été qui nous attend promet d’être particulièrement difficile, avec des cours d’eau bas et des milieux dégradés. Si nous vivons le même été que 2022, nous ne pourrons pas tenir. Comme les économies d’électricité cet hiver, j’en appelle à la responsabilité de tous ».

Fin mars 2023, le nouveau préfet de Haute-Garonne et de la région Occitanie, Pierre-André Durand, tenait un discours alarmiste dont la précocité interpelle. Et pour cause. En mars 2022, le taux de remplissage des réserves d’eau était de 80%, contre 46% en moyenne en mars 2023.

"Nous sommes dans un moment de bascule"

L’état d’alerte avait été déclenchée en amont auprès des entreprises au cours d’une réunion de sensibilisation quant à la gestion de la ressource en eau auprès des adhérents du Medef de Haute-Garonne. « Nous sommes dans un moment de bascule : ce qui était exceptionnel les 30 dernières années ne le sera plus dans les 30 années à venir », avait prévenu Jean-Michel Fabre, président du Syndicat mixte d’études et d’aménagement de la Garonne (Smeag).

Des secteurs du bassin préoccupants

Selon l’Agence régionale de santé (ARS) d'Occitanie, plus de 100 communes situées dans le périmètre du bassin Adour-Garonne (qui comporte 26 départements) étaient déjà en rupture ou en tension au début du printemps. Baisse des débits de 20 à 40%, diminution du manteau neigeux de 35 à 60%, évapotranspiration, hausse des températures, moins de ruissellement… Les causes sont nombreuses. « Certains secteurs du bassin sont déjà très préoccupants comme le Louge aval à Muret, le Touch à Saint-Martin-du-Touch, le Hers vif à Calmont et l’Ariège à Auterive", indiquait fin mars 2023 le comité de bassin. Quant aux nappes phréatiques, leur niveau est à 71% en-dessous de la moyenne, avec notamment une « situation particulièrement critique pour les sources des causes, et globalement très défavorable pour les nappes calcaires ».

« La principale inquiétude concerne les niveaux de remplissage des barrages de plaine, qui sont actuellement très faibles (environ 30 à 50 % de remplissage seulement), ce qui peut conduire des décisions de restrictions dès le mois de juin », poursuivent encore les services de l’Etat.

Ces problèmes d’eau engendrent des conséquences économiques. Alain Rousset est le président du comité de bassin Adour-Garonne mais aussi et surtout de la Région Nouvelle-Aquitaine.

« Nous ne pourrons pas accueillir sur notre territoire des projets industriels nécessitant beaucoup d’eau. Le défi qui se présente à nous est gigantesque. Il faudra par exemple accélérer sur la transition agro-écologique », estime-t-il.

Un arrêté cadre signé le 25 mars

Le 25 mars dernier, Pierre-André Durand, en sa qualité de préfet coordonnateur du bassin Adour-Garonne, avait signé le nouvel arrêté d’orientation de bassin (AOB).

La préfecture d’Occitanie précise :

« Cet arrêté permet d’agir rapidement et d’assurer l’égalité de traitement des usagers, dans un cadre clair et transparent. L’objectif est de disposer de mesures communes sur un même cours d’eau en permettant aux 26 préfets concernés de disposer de la plus grande réactivité possible en fonction de la tension sur la ressource ».

Un arrêté qui engendrera des mesures de restriction applicables aux particuliers et au secteur économique (industries, agriculture…), avec notamment une réduction des délais entre la prise de décision et son effectivité (4 à 7 jours maximum). L’arrosage des golfs, des terrains, le, remplissage des piscines, le nettoyage des voitures ou des bateaux, l’activité des stations de lavage… Tout sera contrôlé assidument.

Des départements en vigilance

Après le comité de l'eau qui s'est tenu le vendredi 7 avril 2023, le département de Haute-Garonne avait été placé en vigilance sur la ressource en eau. D'autres départements sont concernés en Occitanie, comme l'Ariège ou les Pyrénées-Orientales, entre autres.

En 2022-2023, les agences de l’eau ont vu leurs moyens augmenter avec une enveloppe supplémentaire de 39 millions d’euros au niveau national.

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