Tarn. Avec Ecolosport, il dissèque la place de l'écologie dans le monde du sport

Ancien community manager du Castres Olympique, Michaël Ferrisi a créé Ecolosport, un site d'informations valorisant les initiatives écolos dans le sport. Portrait.

Ecolosport met en valeur les initiatives écologiques dans le sport. (Photo d'illustration : Anthony Assémat - Entreprises Occitanie)

Ecolosport met en valeur les initiatives écologiques dans le sport. (Photo d'illustration : Anthony Assémat - Entreprises Occitanie)

Au premier abord, écologie et sport ne semblent pas faire bon ménage. Les innombrables voitures circulant autour des cyclistes du Tour de France et les voyages en avion réguliers des clubs de foot ne sont pas les meilleures publicités... Pourtant, souvent loin des caméras, des initiatives affleurent et l'écologie est aujourd'hui un réflexe pris dans de nombreuses disciplines. C'est pour mettre en valeur ce verdissement du sport que Michaël Ferrisi a créé le site d'informations Ecolosport en 2021. Ancien community manager du club de rugby du Castres Olympique entre 2018 et 2021, sa "sensibilité forte" l'a amené à prendre à bras-le-corps un sujet qui, selon lui, "est le parent pauvre de la RSE dans les clubs".

Diffuser "l'écologie positive"

Avec Ecolosport, le Tarnais veut diffuser "l'écologie positive dans le sport, sans prisme de la contrainte. On veut dire des choses intéressantes et mettre en avant les acteurs du changement". Au départ blog d'actualité, Ecolosport a rapidement fait sa mue en site d'infos et la marque se décline aujourd'hui en média (avec une dizaine de collaborateurs bénévoles), en association de sensibilisation et en agence de conseils et d'accompagnement. Bref, une entreprise à part entière dans laquelle il est associé avec un autre entrepreneur, Eddy Klemenczak.

Michaêl Ferrisi, le fondateur du site Ecolosport. (Photo : Anthony Assémat - Entreprises Occitanie)
Michaêl Ferrisi, le fondateur du site Ecolosport. (Photo : Anthony Assémat - Entreprises Occitanie)

Cyclisme, natation, foot (avec notamment le bilan carbone un peu particulier de la Coupe du monde de foot au Qatar fin 2022)... Tous les sports sont concernés. Et le rugby dans tout ça ? "Il fait partie de la moyenne mais il est en train d'évoluer. Il existe des clubs leaders en France sur le sujet mais cela doit être concrétisé par une véritable stratégie", explique-t-il. Il détaille ses bons points :

"La Section Paloise utilise des maillots fabriqués à partir de matières recyclées, Toulon est engagé sur la protection des océans, Montpellier est en avance sur la RSE, l'Aviron bayonnais est l'un des premiers clubs professionnels en France à devenir club mission...".

Il travaille sur la stratégie du Stade Toulousain

Ecolosport travaille justement avec le club dirigé par Didier Lacroix sur la stratégie d'économie d'énergie. "C'est le premier client de notre nouvelle agence et nous avons également travaillé avec la fédération française de rugby lors du Tournoi des Nations, où nous avons audité l'éco-responsabilité de l'organisation", se félicite le Castrais, par ailleurs membre de la commission RSE au sein de la ligue nationale de rugby (LNR).

Pour Michaël Ferrisi, l'écologie est partout et nombreuses sont les pistes d'amélioration parmi les clubs professionnels. "Il y a la question des pelouses, qui peuvent être arrosées avec des eaux de pluies récupérées, de l'alimentation avec un approvisionnement en viande locale et des repas de plus en plus végétaux", appuie le fondateur d'Ecolosport. Un tabou qu'a brisé notamment l'ouvreur de Clermont Anthony Belleau, dans une interview-vidéo accordée au média Brut début juin 2023

Un Mondial de rugby écolo ?

Quid de la Coupe du monde de rugby, dans laquelle cinq matchs se dérouleront au Stadium de Toulouse et pour laquelle l'Occitanie accueillera les délégations du Japon (à Toulouse), des Samoa (à Montpellier) et du Portugal (à Perpignan) ? La SNCF étant partenaire de l'événement, les déplacements en train seront priorisés par les différents squads lors de la compétition. Premier bon point. Comme aux Jeux Olympiques de Tokyo, les médailles reçues par les sportifs seront fabriquées à partir de téléphones portables recyclés. 206 000 téléphones ont ainsi été collectés pour concevoir 1491 médailles ! Deuxième bon point.

Mais pour Michaël Ferrisi, "la stratégie éco-responsable de l'événement n'est pas hyper importante". Il développe :

"La stratégie repose sur la solidarité et l'éducation à la jeunesse et le point noir, pour moi, est le partenariat de TotalEnergies. Cela brouille le message".

Projet de websérie

Michaël Ferrisi verrait d'un bon oeil le sponsoring investir le champ de la responsabilité durable tout au long d'une saison au sein des clubs. "Un sponsor peut par exemple financer des actions aux abords d'un stade, un jour de match, comme l'installation de racks à vélos. Cette dimension n'est pas assez exploitée à mon sens".

Le Mondial de rugby en France, que le site Ecolosport va bien évidemment couvrir de façon verte, sera l'occasion de lancer, avec le rugby, un projet de websérie. Avec sa démarche centrée à 100% sur l'écologie dans le sport, Ecolosport n'a pas fini de faire parler de lui.

Quelle empreinte carbone pour la Coupe du monde de rugby ?
Le Mondial de rugby 2023 en France sera-t-il vertueux sur le plan de l'écologie ? Pour le site Sami, spécialiste de la démarche climat des événements et des entreprises, la réponse est très mitigée... Dans une étude très poussée, Sami s'est penché sur l'événement planétaire du ballon ovale et les perspectives ne sont pas extraordinaires. Selon nos experts carbone, "l’édition 2023 de la Coupe du monde de rugby devrait ainsi émettre près de 640k tonnes de CO2 contre environ 6M de tonnes de CO2 pour la Coupe du monde de football 2022.Cette différence s’explique en particulier par la construction de huit nouveaux stades au Qatar pour répondre aux besoins colossaux d’infrastructures et par une clientèle plus internationale pour le ballon rond, ce qui implique plus de déplacements carbonés".
Pour Sami, les déplacements devraient représenter 73% des émissions, dont 55% provenant des supporters étrangers. Sur le sol français, les déplacements entre les différentes villes (avion et voiture) devraient représenter 104 000 tonnes de CO2
Tous les détails de cette étude sont à retrouver sur ce lien.

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