Toulouse. Abionyx Pharma : un premier semestre sous tension, mais une visibilité prolongée jusqu’en 2026

La biotech toulousaine, engagée dans la lutte contre le sepsis et les maladies rares, publie ses résultats semestriels 2025. Malgré un chiffre d’affaires limité à 2,1 millions d'euros, issu exclusivement de sa filiale IRIS Pharma, la société s’appuie sur une trésorerie de 3,4 millions d'euros et un soutien public de 8,7 millions d'euros pour sécuriser sa stratégie d’innovation.

La biotech toulousaine mise sur l’innovation thérapeutique et une visibilité financière prolongée jusqu’en 2026. (Photo Abionyx)

La biotech toulousaine mise sur l’innovation thérapeutique et une visibilité financière prolongée jusqu’en 2026. (Photo Abionyx)

Au cours du premier semestre 2025, clos le 30 juin, Abionyx Pharma n’a pas encore généré de chiffre d’affaires dans son activité de découverte et développement de thérapies innovantes. L’entreprise concentre ses efforts sur des aires thérapeutiques critiques comme le sepsis – troisième cause de mortalité dans le monde – et la déficience en LCAT (maladie de Norum), pathologie rare où elle fournit toujours gracieusement son bioproduit dans le cadre d’autorisations d’accès compassionnel.

Cette stratégie illustre la volonté du groupe de se positionner sur des terrains médicaux où chaque avancée représente un espoir vital. Mais elle explique aussi une absence de revenus directs dans ce domaine pour le semestre écoulé.

IRIS Pharma, pilier stable malgré un climat morose

Le chiffre d’affaires consolidé du groupe atteint 2,1 millions d'euros, provenant exclusivement d’IRIS Pharma, filiale spécialisée dans la recherche sous contrat (CRO) en ophtalmologie. Bien qu’aucune étude n’ait été confiée par la maison mère à IRIS Pharma au cours du semestre, la structure affiche une stabilité dans un secteur mondial de la recherche clinique soumis à de fortes pressions économiques.

La direction souligne que la filiale a déjà anticipé, dès l’an dernier, la baisse de ses activités et ajusté sa structure de coûts. Cette rigueur lui permet de poursuivre ses objectifs de rentabilité, même dans un environnement incertain. Comme un phare dans la tempête, IRIS Pharma continue de guider la stratégie du groupe avec prudence et résilience.

Une trésorerie solide, soutenue par France 2030

Au 30 juin 2025, la trésorerie d’Abionyx Pharma s’élève à 3,4 millions d'euros, incluant notamment le remboursement du Crédit d’Impôt Recherche (CIR) de sa filiale IRIS Pharma pour un montant de 478 000 €, en attente du remboursement de 604 000 € pour la maison mère.

Mais c’est surtout l’obtention de 8,7 millions d'euros de soutien de l’État, via l’appel à projets « i-Démo » du plan France 2030, qui confère à la société une bouffée d’oxygène stratégique. Sur cette enveloppe, 7 millions d'euros restent à percevoir, de quoi assurer une visibilité financière jusqu’au second semestre 2026.

Une biotech au service des thérapies de demain

Abionyx Pharma se définit comme une société de biotechnologie de nouvelle génération, orientée vers la mise au point de solutions dans des indications orphelines ou dépourvues de traitements efficaces. Grâce à un réseau de partenaires académiques, médicaux et industriels, elle développe des médicaments pour les maladies rénales, ophtalmologiques, et explore l’utilisation de nouveaux vecteurs apoA-1 pour l’administration ciblée de thérapies.

L’enjeu est clair : transformer la recherche en traitements concrets et accessibles. La période actuelle, où les revenus stagnent mais où les financements publics soutiennent l’innovation, peut être vue comme une étape de transition. Une traversée où la société choisit d’investir dans l’avenir, quitte à sacrifier des résultats immédiats.

Une entreprise à la croisée des chemins

Abionyx Pharma illustre ainsi le dilemme des biotechs : peu ou pas de chiffre d’affaires aujourd’hui, mais un potentiel d’innovation colossal demain. Entre trésorerie maîtrisée, soutien public massif et stratégie ciblée sur des pathologies vitales, la société joue une partie à long terme.

La balle est désormais dans le camp de la recherche clinique. Si les développements en cours aboutissent, Abionyx pourrait transformer l’essai et prouver que, dans la santé comme au rugby, c’est souvent la seconde mi-temps qui décide du match.

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