Toulouse. Décarbonation des avions : OpenAirlines vise une réduction de 5 millions de tonnes de CO2 par an

Le CEO d'OpenAirlines, avec l’observatoire de l’aviation durable, ont présenté, à Toulouse, leur organisme mais aussi des solutions afin d’avancer rapidement sur la décarbonation de l’aviation.

En 2023, OpenAirlines projette un chiffre d’affaires de l’ordre de 8,5 millions d'euros et un effectif de plus de 100 collaborateurs. (Photo : OpenAirlines)

En 2023, OpenAirlines projette un chiffre d’affaires de l’ordre de 8,5 millions d'euros et un effectif de plus de 100 collaborateurs. (Photo : OpenAirlines)

Dans la Ville rose, l’aéronautique se trouve également rue Alsace Loraine. En effet, OpenAirlines a organisé sa première étape des rencontres territoriales de la décarbonation le mardi 2 mai 2023. Fondée en 2006 à Toulouse, OpenAirlines développe des solutions innovantes pour aider les compagnies aériennes à réduire leurs coûts et leur impact environnemental.

660 millions de tonnes de CO2 par an

« Il faut savoir que chaque année près de 660 millions de tonnes de CO2 sont émises par les avions, soit plus de 20 000 kilos de CO2 par seconde », précise Alexandre Feray, PDG et fondateur d'OpenAirlines. L’enjeu de la décarbonation est donc plus qu'urgent.

« Les défis à mener sont la décarbonisation de l’aviation. Nous devons aider les compagnies aériennes à réduire leur empreinte environnementale », persiste cet ancien responsable informatique chargé des opérations aériennes chez Air France.

En 2022, OpenAirlines a joui d’une croissance de 60 %, qui s’explique par l'adoption de ses solutions par de nombreuses compagnies aériennes dans le monde entier. Aujourd’hui, la société est présente dans 37 pays et compte 57 compagnies. 

SkyBreathe prend son envol

Parmi les solutions développées par OpenAirlines, SkyBreathe. Ce logiciel d’éco-pilotage exploite les dernières technologies numériques en utilisant des algorithmes de big data, l'intelligence artificielle et le machine learning. Cela permet d’analyser des milliards de données et d'identifier les opportunités d'économies de carburant les plus pertinentes. La solution donne ensuite des recommandations ciblées aux compagnies pour mettre en place les procédures les plus économes en carburant et permettre de réduire leur consommation.

En 2022, SkyBreathe a permis d’économiser 326 000 tonnes de fuel, soit un montant total de 365 M$, mais surtout d’éviter le rejet d’1 million de tonnes de CO2. « Choisir une route moins encombrée lors du vol, décider de couper un moteur lors du roulage, de détecter les problèmes mécaniques ou de décrasser les moteurs… Il existe de très nombreuses solutions pour réduire fortement sa consommation. »

Le prochain objectif d'OpenAirlines

Sur les trois prochaines années, OpenAirlines cible une réduction de 5 millions de tonnes de CO2 par an grâce à de nouvelles solutions dans le cockpit ou à destination du contrôle aérien.

« Sous la pression de la course contre le réchauffement climatique, l'industrie aérienne se responsabilise et poursuit de multiples voies technologiques pour réduire son empreinte carbone. Cependant, atteindre cet objectif prendra beaucoup de temps. En attendant, il y a des façons d'agir. Les pilotes, par exemple, ont un pouvoir considérable dans la préparation et la conduite de vols efficaces, avec des implications directes sur les émissions de CO2, avec des bénéfices évidents pour le passager, la compagnie aérienne et la planète dans son ensemble », poursuit Alexandre Feray.

Zéro émission en 2050

Depuis son lancement officiel le 17 mars 2023, l’Observatoire de l’aviation durable (OAD) a pour mission de rendre accessible sur un espace digital, des données sur l’impact climatique du transport aérien. Dans un contexte où les acteurs du secteur se doivent d’être pleinement engagés de façon déterminée dans la transition écologique, l’Observatoire travaille sur trois leviers d’actions. Le premier se concentre sur « l’espace digital ». Il a pour mission de partager des connaissances sur l’impact climatique du transport aérien à travers un espace digital accessible à tous. Le référencement d’études prospectives sur la décarbonation de l’aérien permet de mettre en lumière les travaux de nombreuses parties prenantes : acteurs de la filière, entreprises, fédérations, académies, associations, ONG, etc.

« L’Observatoire se veut inclusif, un espace de connaissances donnant accès à des positions diverses et complémentaires », souligne Sandra Combet, secrétaire générale de l’Observatoire de l’aviation durable. Le deuxième axe traite des rencontres territoriales. « Les rencontres territoriales de l’OAD permettent d’aller à la rencontre de PME, start-up qui proposent des solutions innovantes et concrètes », poursuit-elle.

Dernier axe de développement, « l’innovation ». Etant donné que la France est une nation phare dans l’aéronautique, le transport aérien se doit d’être engagé pleinement dans la transition écologique. « L’OAD met en visibilité l’innovation et le leadership français pour accompagner la transformation de l’aviation vers un transport décarboné ».

Une préoccupation majeure

Effectivement, l’impact du transport aérien sur le climat est devenu une préoccupation majeure dans le monde. La décarbonation n’est plus une question surtout que l’urgence climatique, soulignée par le dernier rapport du Giec, montre l’implication de l’ensemble des acteurs dans ce combat.

« Les études prospectives sur la décarbonation de l’aérien restent encore complexes à appréhender, à analyser et à comparer. Les incertitudes, qu’elles soient scientifiques ou technologiques, suscitent des interprétations parfois divergentes de la part des sociétés civiles. C’est dans la pluralité de ces interprétations que réside l’intérêt du partage de la connaissance. L'objectif très ambitieux de l'OACI (ONU) est « zéro émission » en 2050 mais nous n’allons pas attendre cette date et nous y arriverons plus tôt », conclut Damien Cazé, directeur général de l’Aviation civile.

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