La start-up toulousaine LeoBlue, spécialisée dans les technologies d’alerte aux populations, a franchi un jalon décisif en réussissant une transmission Bluetooth directe depuis un ballon stratosphérique à 16 km d’altitude. Une démonstration inédite qui assoit la crédibilité de son projet de réseau souverain, universel et résilient, à l’heure où elle engage une levée de fonds.

Une avancée décisive pour son réseau d’alerte aux populations et un signal fort alors que l’entreprise engage une levée de fonds pour accélérer son développement. (Photo LeoBlue)
Le mardi 4 juin, au centre de lancement de ballons du CNES à Aire-sur-l’Adour, LeoBlue a réalisé une prouesse technologique inédite : établir une liaison directe entre un module embarqué à bord d’un ballon stratosphérique et un smartphone au sol, en utilisant le Bluetooth. À 16 kilomètres d’altitude, un message d’alerte a été transmis et reçu via une technologie jusqu’ici réservée aux communications de courte portée.
« C’est la première fois au monde qu’une telle liaison descendante directe est réalisée en Bluetooth standard. C’est une avancée significative pour nous, mais aussi pour tout l’écosystème de la sécurité et de la résilience technologique », affirme Philippe Lattes, CEO de LeoBlue.
Une réponse souveraine et sobre aux enjeux d’alerte mondiale
Née en 2023, LeoBlue s’est imposée dès ses débuts comme un acteur ambitieux, porté par l’idée d’alerter toutes les populations en cas de catastrophe, même dans les zones isolées ou privées de réseau terrestre. L’idée, formulée au cœur de la crise du Covid-19, trouve sa source dans une observation simple : l’universalité du smartphone, couplée à l’omniprésence du Bluetooth, peut devenir une arme de communication massive au service de la sécurité publique.
Plutôt que de créer une constellation dédiée de satellites, LeoBlue a fait le pari d’embarquer ses modules sur des plateformes déjà prévues au lancement. Un choix stratégique qui réduit fortement l’empreinte environnementale du projet. Son approche s’inscrit à contre-courant des logiques industrielles actuelles, favorisant la sobriété numérique tout en garantissant une couverture mondiale.
Une levée de fonds pour consolider le projet avant 2028
La réussite de cette démonstration stratosphérique constitue une étape essentielle dans le calendrier de développement de LeoBlue. Elle vient renforcer la crédibilité du projet à l’heure où la start-up toulousaine entame une phase de levée de fonds, doublée d’une campagne de financement participatif. L’objectif : poursuivre les expérimentations en vol, notamment en orbite, dès le premier semestre 2026, et aboutir au déploiement complet du réseau à horizon 2028.
« Valider notre principe technologique dans des conditions réelles, c’était une priorité. Cette étape nous permet désormais d’entrer dans une phase d’accélération, en dialogue avec des partenaires, des investisseurs et des acteurs institutionnels », souligne Philippe Lattes.
Une application compatible avec tous les smartphones, sans abonnement
Au cœur du dispositif de LeoBlue, une application dédiée, pensée pour fonctionner sans infrastructure au sol, sans abonnement, et avec une compatibilité totale : plus de 8 milliards de terminaux dans le monde et quelque 30 milliards d’objets Bluetooth sont potentiellement connectables au réseau de la start-up.
Ce système d’alerte, accessible aux zones les plus reculées et aux populations souvent délaissées par les réseaux traditionnels, ambitionne ainsi de redéfinir les standards de la sécurité civile mondiale.
Une vision portée par l’écosystème spatial français
Accompagnée par le CNES et soutenue par l’État dans le cadre de France 2030, LeoBlue incarne une nouvelle génération d’entreprises françaises capables de concilier innovation, souveraineté technologique et responsabilité environnementale.
Le projet, porté par un binôme complémentaire — Philippe Lattes, expert de l’industrie spatiale, et Guillaume Ferré, chercheur en télécommunications — bénéficie également d’un brevet déposé autour de l’usage inédit du Bluetooth en communication satellitaire.
En optant pour l’emport sur des satellites déjà existants, LeoBlue se démarque des tendances lourdes du secteur. Pas de mégaconstellation, pas d’infrastructure terrestre à déployer. Ce parti pris d’agilité et de frugalité technologique est aussi un positionnement stratégique : celui d’un réseau sobre, souverain et universel, où chaque avancée technique sert une cause majeure — celle de la protection des populations.