Villeroy et Boch. Des processus innovants pour réduire la consommation d’énergie

L’usine Villeroy & Boch à Valence d’Agen, spécialisée dans la fabrique de receveurs de douche et lavabos en céramique, est le dernier site de production en France du groupe allemand. La consommation d’énergie du site, fabriquant 180 000 pièces chaque année, fait l’objet de toute l’attention de son directeur qui pressent un surcoût énergétique de plusieurs millions d’euros dans les mois à venir. Dans cette usine, la solution passera par l’innovation.  (Article rédigé par Marine Legendre). 

Le site Villeroy et Boch à Valence d'Agen.

Le site Villeroy et Boch à Valence d'Agen.

Depuis plusieurs mois, les prix du gaz et de l’électricité s’envolent et affolent les chefs d’entreprise, en raison notamment de la guerre en Ukraine. Pour le site de Villeroy & Boch à Valence d’Agen, les coûts énergétiques du gaz et de l’électricité auront doublé en 2022. Laurent Santarelli, le directeur de l’usine, attend avec impatience les dispositifs de l’Etat pour compenser une partie de cette augmentation du coût de l’énergie mais il sait d’ores et déjà qu’ils ne suffiront pas. « Le coût de l’énergie représente une part significative de notre chiffre d’affaires, et devrait tripler d’après les hypothèses économiques actuelles. Cela devrait représenter un surcoût d’environ 5 millions d’euros l’année prochaine » précise-t-il. Comme de nombreuses entreprises, son contrat de fourniture d’énergie se termine fin 2022 et le moment est loin d’être favorable pour le renouveler. Pire, les fournisseurs d’énergie ne jouent pas le jeu et ne proposent plus d’offres aux nouveaux clients. Ils veulent être certains d’assurer la fourniture d’énergie à leurs clients historiques et ne pas procéder à des coupures, tant redoutées. Laurent Santarelli, entouré de courtiers, a quelques pistes pour trouver une solution mais craint que le renouvellement des contrats de gaz et d’électricité ne se fasse à des prix jamais atteints.  

Récupération de chaleur
Depuis son arrivée en 2020, Laurent Santarelli a initié des actions pour réduire la consommation. Il s’agit d’optimiser les processus de production et de récupérer la chaleur « fatale », c’est-à-dire la chaleur perdue des procédés de cuisson et séchage. Lorsqu’un four est chauffé pour cuire les céramiques, des fumées entre 300 et 500 degrés s’en échappent, ce qui constitue une énergie récupérable. Celle-ci sera désormais captée et réinjectée dans le four lui-même et les nouveaux séchoirs performants. Après une première optimisation du fonctionnement du four en 2021, la consommation du four a déjà baissé de 20 %, ce qui correspond à une baisse de 12 % sur l’ensemble du site. D’autres investissements sont prévus en 2023 pour améliorer encore les capacités du four. L’augmentation sensible des rendements de production devrait aussi apporter des économies substantielles dès la fin de cette année. « Nous devrions atteindre une baisse de consommation de 30 % sur toute l’usine d’ici la fin 2023. Un bon travail préliminaire nécessitant un investissement de 2,6 millions d’euros, supporté par l’AREC, la région, et l’ADEME, avant de passer aux étapes suivantes » ajoute-t-il.

Rapprochement avec le toulousain Eco-Tech Ceram
En parallèle de ces travaux, l’usine relance des études d’impact pour les projets solaires, avec des installations photovoltaïques sur le site. L’objectif est de transformer l’électricité en chaleur, qui sera utilisée ensuite pour optimiser la combustion du four. Ce procédé innovant de récupération et stockage de chaleur est un projet européen, réalisé par la start-up Eco-Tech Ceram, en partenariat avec Villeroy & Boch, et financé par la commission européenne. Les futures installations photovoltaïques seront, quant à elles, dimensionnées pour compenser complètement les besoins actuels de l’usine dans la journée, et représenteront environ 20 % des besoins en électricité de l’usine sur l’année. Ils seront progressivement augmentés afin de suivre les besoins d’électrification permettant la décarbonation maximale du site.

Vers un modèle de plateforme multi-énergies
Laurent Santarelli souhaite utiliser plusieurs technologies pour l’usine de Valence d’Agen et diffuser son retour d’expérience afin de créer un véritable cluster d’innovation technologique et démontrer que la gestion d’une plateforme multi-énergies est un système rentable pour décarboner l’industrie et attirer les technologie les plus performantes. Car il n’oublie pas que l’entreprise Villeroy & Boch doit rester concurrentielle face à des pays tels que la Turquie ou l’Egypte qui ne rencontrent pas les problématiques énergétiques de l’Europe.

Pour la production d’un matériau durable
Laurent Santarelli a voulu une démarche globale de Responsabilité Sociale et Environnementale en cohérence avec le lancement du nouveau receveur de douche, « Le Valence », conforme aux nouvelles normes d’accessibilité, fabriqué dans un matériau céramique durable avec un procédé performant en sobriété et décarbonation, tout en favorisant des fournisseurs régionaux.

 

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