Loïc Soubeyrand : « Nous ne faisons pas partie des plus à plaindre »

Loïc Souberyrand, fondateur de Swile (ex LunchR).

Loïc Souberyrand, fondateur de Swile (ex LunchR).

Contraint de mettre la moitié de son service commercial en chômage partiel, le fondateur de la start-up Swile (anciennement LunchR) Loïc Soubeyrand reste confiant. A côté de la digitalisation des titres-restaurant, les équipes en télétravail déploient tout un éventail de nouveaux services, dont l’organisation de cagnottes gratuites : des services qui permettent de serrer les liens entre collaborateurs, ce qui est plutôt bien venu en ces temps d’éloignement social. 

 

LunchR, la start-up montpelliéraine dédiée à la dématérialisation du titre-restaurant, est récemment devenue Swile en proposant une offre élargie de services aux collaborateurs, dans les entreprises : une cagnotte gratuite pour les anniversaires, un baromètre pour mesurer l’ambiance dans les équipes, l’organisation d’événements entre collaborateurs ou des remboursements entre collègues ultra-simplifiés, etc. Depuis sa création en 2018, la société de 200 salariés a déjà levé plus de 40 M€. 7500 entreprises utilisent ses services, soit 200 000 utilisateurs en tout.

Sous sa nouvelle identité Swile, l’entreprise (CA non communiqué) prévoit un fort développement à l’international. « Nous sommes actuellement en pourparlers avec nos partenaires historiques et d’autres investisseurs pour lever entre 50 et 70 M€ » annonce Loïc Soubeyrand qui compte clore ce troisième tour de table avant la fin de l’été. « Les discussions étaient déjà bien avancées avant la crise du Coronavirus, explique l’entrepreneur qui avait fondé Teads (vendue à Altice en 2017) avant de créer LunchR. Normalement, notre développement ne va pas être impacté : nous sommes une société saine qui s’appuie sur des business existants. Notre ADN  n'a pas changé : injecter de l’innovation pour proposer un changement d’expérience, mais sur un marché existant. » 

« Les petits comptes ont trop de soucis »
Depuis le démarrage de la crise et du confinement, des dizaines de nouveaux contrats ont été signés ces derniers jours, notamment par des grandes entreprises : « L’envoi des titres-restaurant est complexe à mettre en place dans le contexte actuel de confinement. Notre solution répond à cette problématique et peut se mettre en place rapidement, y compris pour cette fin de mois», explique l’entrepreneur.  Mais dans ses équipes commerciales, les personnes chargées de vendre le service de dématérialisation aux petites entreprises ont été mises en chômage partiel : « les petits comptes ont trop de soucis et trop de travail pour être à notre écoute. Ce serait indécent de notre part de les démarcher.»

Du télétravail et des projets de déploiement dès aujourd’hui
« Nous sommes habitués au télétravail. Les équipes développement, marketing, support client, finance et RH travaillent à distance et cela fonctionne plutôt bien. » Chef d’entreprise optimiste, Loïc Soubeyrand voit le côté positif du contexte de crise actuelle : « L’éloignement social favorise la prise de conscience de l’importance de la digitalisation des services ». La gratuité de sa nouvelle offre de cagnotte mais aussi les services proposés autour comme le rappel des dates d’anniversaire des collègues, ou la possibilité de mettre en place une messagerie veulent permettre à Swile de se démarquer de la concurrence.  Pour les deux mois à venir, la start-up montpelliéraine va déployer progressivement cette nouvelle offre auprès de ses propres clients déjà utilisateurs du titre-restaurant dématérialisé. Dès septembre prochain, l’entreprise étendra son démarchage commercial vers toutes les entreprises, y compris hors-frontières.

Une communication trop brouillée 
« Je ne suis pas à l’aise par rapport aux annonces qui nous ont été faites depuis le début de la crise. Personne n’a vraiment les idées claires sur le sujet du chômage partiel ou sur celui de l’arrêt de l’activité ou non. Il ne s’agit pas là de critiquer untel ou untel, les moyens déployés sont colossaux et la volonté est bien de faire le moins de dégâts possibles. Mais je pense quand même que la communication de nos politiques est trop brouillée et cela n’est pas bon pour le moral des entrepreneurs », commente Loïc Soubeyrand au sujet de l’impact de la crise sur la vie des entreprises.  " Il va y avoir énormément de casse du côté des TPE et PME et les licenciements seront inévitables », ajoute-t-il. Sur son entreprise, son constat est bien moins alarmant : « Nous ne faisons pas partie des plus à plaindre. Nous avons de la trésorerie, nous sommes sur un service à fort potentiel de développement. Nous souffrons de la situation conjoncturelle, mais il n’y aura pas de conséquences structurelles. » 

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