Plan de relance massif pour l’aéronautique de 15 milliards d’euros

Airbus 350-900

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15 milliards d’euros, c’est le montant que l’Etat met sur la table pour soutenir la filière aéronautique. La stratégie vise à la fois à aider les clients,  les compagnies aériennes, à commencer par Air France à hauteur de 7 milliards d’euros et les autres compagnies via des incitations financières, les armées en accélérant l’achat d’équipements  plus la supply chain, tout en accélérant le développement de l’avion vert avec une échéance pour un aéronef neutre en carbone à l’horizon 2025.  Du jamais vu,  justifié par l’ampleur des conséquences de l’arrêt brutal du transport pour cette filière d’excellence, 1ère industrie exportatrice du pays employant près de 100 000 emplois en Occitanie, plus de 200 000 sur le territoire. Car si les crises de 1991, 2001 et 2008 avaient bien secoué le secteur, le Covid-19  l’a carrément mis au tapis.

Soutenir la supply chain
1ère urgence, le soutien aux PME, un nouveau régime d’activité partielle de longue durée sera déployé en juillet avec un co-financement de l’État. 30 000 emplois sont directement menacés. Des salariés en sous activité notamment dans les grands groupes, pourront aussi travailler temporairement dans des entreprises ayant  des besoins de compétences. Pour les  stocks de matières et de pièces, qui pèsent significativement sur leur trésorerie, un groupe de travail est mis en place entre les donneurs d’ordre, les sous-traitants et le milieu bancaire, pour voir comment la charge de ces stocks peut être répartie au mieux entre les différents acteurs. Dans chaque Région,une cellule de veille réunissant les services de l’Etat, la Région et la filière est chargée d’identifier les entreprises de la filière rencontrant d’éventuelles difficultés.

L’autre volet du soutien aux PME vise à consolider et moderniser la filière en créant un fonds d’investissement en fonds propres d' 1 milliard d’euros. Il sera doté dès cet été de 500 millions d’euros. Les souscripteurs seront en premier lieu l’Etat via Bpifrance pour 200 M€. Les quatre grands donneurs d’ordre de la filière participeront également : Airbus à hauteur de 116M€, Safran à hauteur de 58M€, Dassault à hauteur de 13M€, Thales à hauteur de 13M€ et Bpifrance. Le gestionnaire du fonds et d’autres investisseurs privés ou institutionnels compléteront le tour de table.

Un  deuxième fonds d’investissement de 300 millions d’euros vise à renforcer la compétitivité des PME notamment dans les processus de digitalisation de leurs usines. Ce dispositif permettra de soutenir, dès les prochains mois, les projets de transformation des entreprises comme par exemple la mise en place de lignes de production innovantes et robotisées dans plusieurs secteurs comme l’usinage, l’électronique, ou de soutenir des entreprises de la filière ayant des projets de reconversion par l’innovation de leurs activités. A titre d’exemple, la diversification des lignes de production pour servir les secteurs de la santé (production de respirateurs par exemple) ou de l’énergie fait partie des projets ciblés par le dispositif.

Accélérer la R & D vers l’avion vert

La filière emploie aujourd’hui près de 35 000 personnes en R&D en France, près d’un tiers de ces emplois sont aujourd’hui remis en question par la perte de capacité d’autofinancement consécutive à la chute durable des cadences. L’ambition est de préparer l’avion vert neutre en carbone pour 2035 avec des technologie de rupture qui fonderont la transformation écologique du secteur. Ce plan vise à préparer  le successeur de l’A320 dans deux directions d’effort complémentaires,  l’ultrasobriété énergétique (gain de 30% de consommation de carburant et capacité de 100% de biocarburants)  puis le passage à l’hydrogène comme énergie primaire (appareil « zéro émissions de CO2 »). Cet appareil pourrait entrer en service entre 2033 et 2035, avec un premier démonstrateur entre 2026 et 2028. Un nouvel appareil régional, ultrasobre et hybride électrique, soit ultrasobre et alimenté à l’hydrogène entrerait en service vers 2030 (démonstrateur en 2028). Un successeur de l’Ecureuil, ultrasobre sur le plan énergétique (baisse de 40% de la consommation), capable d’hybridation électrique dans un premier temps, et fonctionnant à l’hydrogène dans sa dernière version (démonstrateur en 2029). Une évolution similaire est attendu pour de nouveaux appareils d’affaires. Une enveloppe supplémentaire de 1,5 milliard d’euros sur 3 ans  va être attribuée au Conseil pour la Recherche Aéronautique civile, le CORAC.

Relancer le transport aérien, aide à l’achat de nouvel avion
L’Etat va actionner ces dispositifs de soutien à l’exportation pour aider les compagnies aériennes qui ont commencé à reporter ou annuler des commandes d’avion. L’idée est d’aider les  compagnies aériennes par exemple en reportant le remboursement de leurs crédits à l’export de 12 mois représentant un gain de trésorerie de 1,5 milliard d’euros. L’Etat a proposé à la Commission européenne de porter au sein de l’OCDE un assouplissement temporaire pour rembourser les nouveaux achats d’avions Airbus. Les compagnies pourront attendre jusqu’à 18 mois avant de commencer à rembourser leur crédit à l’export au lieu des 6 mois habituels, représentant un  coup de pouce de 2 milliards d’euros. Pour la défense, l’Etat va anticiper des commandes d’avion, d’hélicoptère et de drones militaires en injectant plus rapidement 832 millions d’euros dans la filière.

Toulouse Métropole : une dizaine de mesures pour soutenir la filière aéronautique
Le président de Toulouse Métropole, Jean-Luc Moudenc a annoncé plusieurs mesures dédiées à la filière aéronautique dont un soutien financier très volontariste à hauteur de 10 M€, aux fonds sectoriels. Le plan prévoit notamment à Francazal sur la partie sud de 38 hectares, le démarrage des travaux du centre d’expérimentation et de démonstration des mobilités terrestres et aériennes du futur, autonomes et décarbonées, dans le cadre du programme européen Vilagil. La Métropole prévoit par ailleurs d’accompagner en coordination avec les professionnels du secteurs du territoire et/ou des territoires voisins, l’organisation de passerelles inter-entreprises.

Toulouse Métropole a également décidé d’accorder une exonération sur les loyers et les charges des entreprises hébergées dans les pépinières, les hôtels d’entreprises et le B612, dont celui de l’Institut de Recherche Technologique (IRT) Saint-Exupéry. Elle apportera un soutien financier de 500 000 euros aux salons du Siane 2020 et d'Aeromart au MEETT, nouveau parc des expositions de Toulouse Métropole.

 

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