"C'est une alternative prometteuse" : comment Toulouse investit massivement dans l'hydrogène vert

Dans une démarche résolue en faveur de la transition énergétique, Toulouse Métropole et le Grand Marché MIN Toulouse Occitanie ont conjointement organisé une journée historique dédiée à la logistique hydrogène au sein du Marché d'Intérêt National (MIN) de Toulouse.

"On doit tous atteindre par marche forcé zéro émission à horizon 2035", ont martelé les intervenants. (Photo Dorian Alinaghi - Entreprises Occitanie)

"On doit tous atteindre par marche forcé zéro émission à horizon 2035", ont martelé les intervenants. (Photo Dorian Alinaghi - Entreprises Occitanie)

Cependant, la métropole fait face à un défi de taille, car les déplacements représentent la moitié de la production de gaz à effet de serre de la région. Pour faire face à cette réalité, Toulouse Métropole a obtenu des financements de l'Agence de la Transition Écologique (Ademe), lui permettant d'acquérir quatre véhicules hydrogène, dont deux fourgons, une balayeuse, et une benne à ordure.

Plein gaz au Technocampus de Toulouse-Francazal

L'ambition de Toulouse Métropole ne s'arrête pas là. Sur l'aéroport de Toulouse-Francazal, un Technocampus Hydrogène de 10 000 m2 est en cours de construction, en partenariat avec la Région Occitanie. Dédié à l'hydrogène vert, il sera un lieu d'innovation et de recherche. Sa construction débutera en 2024 avec une mise en service prévue pour le dernier trimestre de 2025.

Le Technocampus Hydrogène comprendra une zone de stockage de gaz d'une capacité de deux tonnes d'hydrogène, une aire d'essais extérieurs, ainsi que quatre bâtiments. Certains de ces bâtiments abriteront des bancs d'essais de forte puissance, pouvant atteindre jusqu'à 250 kW, tandis qu'un autre permettra de réaliser des essais de très forte puissance, allant jusqu'à 1 MW. En outre, un bâtiment en forme de "L" sera équipé de salles expérimentales faible puissance destinées à quatre laboratoires, ainsi que d'une plateforme pédagogique.

Ce centre d'essais sur l'hydrogène sera un espace collaboratif utilisé par des chercheurs, des industriels de renom tels qu'Airbus, Safran, et Liebherr-Aerospace, ainsi que des start-ups innovantes du secteur. Ses objectifs sont multiples, allant de l'amélioration des performances des piles à combustible à l'optimisation de la combustion de l'hydrogène, en passant par la recherche de solutions pour le stockage et le transport de l'hydrogène. Il s'agit également de catalyser le développement des futurs avions décarbonés. L'investissement total dans ce projet s'élève à 55 millions d'euros.

Le MIN Grand Marché Toulouse, un acteur engagé

Dominique Batani, président du Grand Marché MIN Toulouse Occitanie et directeur général du Marché International de Rungis, témoigne de l'engagement du MIN envers la transition énergétique. En 2017, le MIN a inauguré 18 000 m2 de panneaux solaires sur les toits du marché, témoignant de sa volonté de promouvoir les énergies renouvelables.

Dans un souci de désengorger la métropole toulousaine, le MIN a mis en place une plateforme de logistique urbaine de 20 000 m2 à Toulouse Fondeyre. Cette plateforme vise à mutualiser les flux de transports de marchandises, contribuant ainsi à la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Le MIN a également récemment accueilli Edenauto, qui installe un garage auto utilitaire au sein du MIN tout en signant un partenariat avec la société Hyvia pour la maintenance des véhicules hydrogène. En collaboration avec l'Ademe et Toulouse Métropole, le MIN prévoit également de proposer un véhicule hydrogène en location pour les utilisateurs du Grand Marché et du Toulouse Logistique Urbaine (TLU).

Electrique et hydrogène : deux solutions indissociables

Valérie Bouillon-Delporte, première vice-présidente de France Hydrogène, met en avant les avantages de la motorisation à hydrogène. Elle souligne que ce ne sont pas tant les catégories de véhicules routiers qui déterminent l'adoption de la technologie hydrogène, mais plutôt les usages spécifiques de ces véhicules.

L'hydrogène présente des avantages indéniables en termes d'autonomie, pouvant atteindre de 500 à 600 kilomètres, ainsi qu'en matière de temps d'avitaillement, qui est nettement plus rapide que la recharge des véhicules électriques à batterie. Ces caractéristiques opérationnelles rendent la motorisation à hydrogène particulièrement adaptée aux usages professionnels intensifs, tels que les tournées de livraison, d'interventions, ou de transport de passagers.

De plus, la motorisation à hydrogène trouve sa pertinence dans les bus urbains desservant des lignes plus longues et plus contraignantes que les autres, en complément des bus électriques. Un exemple concret est celui de Dijon (Côte-d'Or), qui a pris la décision de passer toute sa flotte de bus à l'hydrogène d'ici 2026. Actuellement, environ 35 bus à hydrogène sont en service en France, avec la promesse d'en avoir une centaine de plus d'ici la fin de 2023.

Camions, voitures, chariots élévateur, vélos à hydrogène... Une dizaine d'entreprises ont montré leur savoir-faire vert. (Photo Dorian Alinaghi)
Camions, voitures, chariots élévateur, vélos à hydrogène... Une dizaine d'entreprises ont montré leur savoir-faire vert. (Photo Dorian Alinaghi - Entreprises Occitanie)

L'union fait la force

En somme, la journée dédiée à la logistique hydrogène au MIN de Toulouse marque une étape capitale dans la transition énergétique de la région et de la France toute entière. L'engagement inébranlable de Toulouse Métropole et du MIN Grand Marché Toulouse Occitanie témoigne de leur détermination à investir dans l'hydrogène vert et à promouvoir une mobilité durable, contribuant ainsi à un avenir plus propre et plus respectueux de l'environnement.

"Cependant, il est essentiel de comprendre que l'opposition entre véhicules électriques à batterie et véhicules électriques à hydrogène est contre-productive. Les deux technologies sont complémentaires et nécessaires pour atteindre l'objectif ambitieux de zéro émission d'ici 2035. De plus, la disponibilité des ressources, notamment des métaux rares, est un défi majeur à relever pour le déploiement mondial de véhicules électriques à batterie. L'hydrogène offre une alternative flexible et prometteuse pour la mobilité décarbonée", affirme Valérie Bouillon-Delporte.

À l'horizon 2028, l'objectif est de mettre en circulation entre 20 000 et 50 000 véhicules utilitaires légers (VUL) à hydrogène, ainsi que de 800 à 2 000 véhicules lourds, le tout alimenté par un réseau de 400 à 1 000 stations à hydrogène. Le chemin vers une mobilité plus propre est tracé, et l'hydrogène en est un pilier essentiel.

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