ESPACE : Le CNES s’est doté d’une Direction de l’Innovation, des Applications et de la Science. Dans quel but ?


 

Lionel Suchet

En charge de la nouvelle Direction de l’Innovation, des Applications et de la Science (DIA) mise en place par le CNES,  Lionel Suchet détaille la vocation et les actions engagées par cette entité qui emploie une centaine de collaborateurs répartis entre Paris et Toulouse (deux tiers des effectifs).

La révolution numérique alliée à l’explosion du volume et du nombre des données issues de l’observation de la Terre facilitent l’émergence de nouveaux services professionnels et grand public. Le digital impacte aussi la conception des systèmes spatiaux et les modèles économiques afférents. Face à cet univers en pleine évolution, le CNES accompagne au changement ses partenaires traditionnels, la communauté scientifique et les militaires,         ainsi que l’ensemble des acteurs économiques toutes activités confondues. « De la start-up aux grands groupes, du public au privé, nous souhaitons nous interfacer avec un grand nombre d’utilisateurs ayant des besoins auxquels le spatial peut répondre » commente Lionel Suchet en citant à titre d’exemple l’agriculture de précision, la pêche, l’aménagement du territoire, la sécurité, les transports et la mobilité….Le croisement des données spatiales avec les technologies numériques ouvre le champ des possibles, avec des applications pertinentes pour les citoyens et les professionnels. L’observation de la Terre, les télécoms et la navigation, la défense, la sécurité, les développeurs d’applications découlant de la navigation spatiale…sont en première ligne. Les acteurs de ces filières doivent conforter leur compétitivité industrielle et proposer sur un marché de plus en plus concurrentiel des solutions bas coûts…avec 10 fois plus de volumes d’infos si on se réfère aux télécommunications !

Avec ses 8 sous-directions (voir encadré), la DIA est en ordre de marche pour booster cette « nouvelle économie du spatial ». Ainsi l’équipe « Services aval », aide au développement des usages, nouant des accords de partenariat avec plusieurs utilisateurs dont la SNCF. La société ferroviaire exprime ses besoins et découvre également ce qu’il est possible de faire en matière de commandes et contrôle de trains via le GNSS et Galileo. L’observation de la Terre s’avère judicieuse pour surveiller les voies, suivre les infimes mouvement des rails, simuler les impacts des inondations, modéliser et anticiper. Il n’y pas que le domaine des transports. Le semencier Limagrain s’est rapproché de cette entité tout comme la Direction Générale de la Santé (applis e-santé, télé-épidémiologie, télé-échographie)…De plus en plus de PME contactent la DIA pour présenter leurs offres et projets. « Nous leur apportons du conseil, les orientons vers les industriels potentiellement intéressés » indique Lionel Suchet en citant comme exemple de sujet d’intérêt majeur, le positionnement et le suivi des bateaux et l’internet haut débit à bord.

Le CNES joue donc un rôle de guichet, de facilitateur pour comparer l’offre à la demande, cartographier ce qui existe et faire éclore des services. Ce n’est pas nouveau.  Lieu d’innovation ouverte, « de connaissance sans mur », les CCT (1) depuis 10 ans contribuent à cette « open innovation ».

La sous-direction « Plateaux d’Architecture des Systèmes Orbitaux » prépare les futurs systèmes., L’idée est d’écourter la boucle, d’innover plus rapidement au meilleur coût sur les avant projets. Parmi les sujets d’actualité figurent les nouvelles constellations : comment les concevoir, les fabriquer et les opérer avec de nouvelles méthodologies?...

L’équipe « Valorisation & technologies» coordonne les activités de R&T et démonstrateurs des systèmes orbitaux et fructifie les brevets (une quarantaine par an). Une enveloppe de quelques 22 M€ a été affectée à ce poste

Celle dédié à « l’Innovation et prospective » travaille entre autres sur deux fronts importants, pour favoriser l’appropriation du spatial par la société civile mais aussi en interne, pour que l’innovation ne soit pas que technologique au sein du CNES.

« Nous sommes très ouverts sur l’évolution de l’écosystème et particulièrement attentifs à l’implication des start-up » souligne Lionel Suchet en citant la création d’un club « Nano ». A travers cette initiative, le CNES veut fédérer toutes les énergies, dans une approche transverse, pour favoriser le partage d’expérience, rapprocher les universitaires des industriels et contribue ainsi à la création d’une filière nano satellites en France. En accompagnement de toutes ces initiatives, le CNES est partie prenante de nombreuses structures et dispositifs comme l’institut InSpace, l’incubateur Esa Bic Sud France ou le dispositif Act In Space…

Emma Bao
Diffusé le 1er octobre 2016

(1) : CCT : Communauté de Compétence Technique. Les CCT sur un sujet donné, font se croiser plusieurs experts et disciplines différentes spatiales et non-spatiales pour innover sans barrière.

 


Les 8 sous-directions

-Equipe  Science, micropesanteur et exploration

-Equipe Terre, environnement et climat

-Equipe Défense et sécurité

-Equipe Télécommunication et navigation

-Equipe Services aval

-Equipe Innovation et prospective

-Equipe valorisation et technologies

-Equipe Plateau d’architecture des systèmes orbitaux

 

Observation de la Terre : un foisonnement de données

L’enjeu est de transformer en services commerciaux les millions de données émanant de l’observation de la Terre. Les sources abondent avec CLS (Balises Argos), Jason (océanographie), SWOT (mesure de la hauteur des océans, des grands fleuves pour modéliser l’eau douce sur la planète), Pléiades, Copernicus (récupération des données en libre accès)…

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