Haute-Garonne. Ils créent un système unique en Europe pour surveiller les cours d'eau

La start-up de Toulouse vorteX-io a reçu une subvention de la part de la Commission européenne à hauteur de 2,5 millions d’euros ainsi qu’un million et demi d'euros par une levée de fonds pour installer 3 000 micro-stations dans les prochaines années et déployer ainsi le premier service de prévision des cours d’eau en temps réel en Europe.

Guillaume Valladeau et Jean-Christophe Poisson espèrent que leur technologie sera utilisée par l’ensemble des gouvernements européens d’ici les trois prochaines années. (Photo : Dorian Alinaghi - Entreprises Occitanie)

Guillaume Valladeau et Jean-Christophe Poisson espèrent que leur technologie sera utilisée par l’ensemble des gouvernements européens d’ici les trois prochaines années. (Photo : Dorian Alinaghi - Entreprises Occitanie)

Depuis quelques années, les aléas climatiques se multiplient à travers le monde. Que ce soit inondations et/ou sécheresses, la question de l’enjeu climatique s’annonce urgente. Mais un vortex est apparu en mélangeant plusieurs idées pour trouver la solution. Fondé en 2019 par Guillaume Valladeau et Jean-Christophe Poisson, vorteX-io voit le jour à Labège (Haute-Garonne), près de Toulouse.

Mais avant d'apparaître dans la ville rose, les cofondateurs ont travaillé auparavant à CLS (Collecte Localisation Satellites) une filiale du CNES (Centre National d'Études Spatiales) pendant 15 ans. Ils participaient aux activités de mesure de l’élévation du niveau de l’océan.

"On n'a aucune surveillance"

« On travaillait constamment avec des données satellites et on a voulu s’orienter sur l’hydrologie continentale. On s’est rendu compte qu’il y avait un fort besoin dans ce domaine car les solutions que l’on trouve sur les territoires pour observer les cours d’eau sont la plupart du temps obsolètes ou vieillissantes. Cela n’arrive pas à répondre aux besoins à grande échelle. Aujourd’hui, on constate une multiplication par 2,5 d'inondations sur les 20 dernières années et on ne sait pas les anticiper ni les prévoir. On n’a aucune surveillance de l’ensemble des cours d’eau contributeurs au risque inondation »; explique Guillaume Valladeau.

Il faut savoir que 17 millions de Français vivent sur des territoires à fort risque d’inondation et 1/3 de l’Europe est menacé par les différents types d’inondations (crue ou débordement de cours d'eau, ruissellement, submersion marine et remontée de nappe phréatique). « Des études récentes ont montré qu’il faudrait environ 10 000 points de mesures supplémentaires pour pouvoir avoir une bonne anticipation du risque inondation sur le territoire français. De plus, les solutions traditionnelles coûtent très chères en investissement et en coût de fonctionnement. Il faut donc trouver un nouveau modèle pour équiper 12 000 cours d’eau » ajoute le co-fondateur.

L’idée de vorteX-io est de changer le paradigme en hydrologie en apportant une solution qui va permettre d’équiper tous les territoires en France, en Europe et dans le monde. Pour la prévention des inondations et des sécheresses, vorteX-io touche tous les secteurs d’activités : la protection civile, le tourisme, l’assurance, le transport, le spatial, l’énergie, l’industrie…

Rencontre du troisième type de capteurs

La micro-station vorteX-io embarque LiDAR spécifique. Les mesures de hauteurs d’eau sont réalisées par l’intégration d’un ensemble d’impulsions garantissant une précision centimétrique. Ainsi la micro-station fournit des informations extrêmement fiables pour la surveillance des systèmes hydrologiques en temps réel. « La marge d’erreur est d’un centimètre, nous voulons que notre système soit extrêmement précis", précise Guillaume VaIladeau. Qui plus est, la micro-station de par sa taille et son poids (400g) se fond dans le paysage. Elle est constamment alimentée par un panneau solaire pour qu’elle soit opérationnelle non-stop. « Sans panneaux solaires, la micro-station tient 15 jours », poursuit-il.

Le dispositif est positionné au-dessus du cours d’eau à surveiller, comme un pont par exemple. Sans contact avec l’eau, la micro-station vorteX-io nécessite une maintenance réduite entièrement digitalisée.

« L’entretien de la micro-station est suivi automatiquement à distance et en temps réel, ce qui permet d’en assurer un fonctionnement optimal. De plus, la mise à jour du logiciel embarqué est réalisée à distance (correctifs, nouvelles fonctionnalités, etc.). Via une connectivité d’IoT spatial, la micro-station vorteX-io communique automatiquement ses mesures en temps réel et à intervalles rapprochés et réguliers. On ne peut pas faire plus précis".

Autre point, cette fois-ci au niveau du logiciel, l’apparition de la plateforme Maelstrom. Cela concerne le modèle d’analyse et de diffusion des données hydrologiques via un service web accessible par abonnement mensuel. Et dans celle-ci, la solution ArcGIS sera prochainement intégrée, permettant d’obtenir de nouvelles fonctionnalités avancées de cartographie, d’analyse spatiale et de gestion de la donnée.

Un déploiement à grande échelle

Cette jeune entreprise vient d’acquérir une subvention de la part de la Commission européenne à hauteur de 2,5 millions d’euros ainsi qu’un million et demi par une levée de fonds pour installer 3 000 micro-stations dans les prochaines années.

« Nous avons déjà des micro-stations un peu partout dans le globe comme en Europe ou au Canada. Le but est de se déployer sur l’ensemble des cours d’eau contributeurs au risque inondation afin d’avoir les meilleures anticipations possibles. Cette année, 500 micro-stations seront implantées en France et 500 en Croatie », annonce Guillaume Valladeau.

En collaboration avec de nombreux partenaires (NASA, CNES, SDIS, Agences de l’eau…), les services proposés par la jeune pousse de l’hydrologie française aident au quotidien un nombre croissant d’acteurs publics et privés, issus de multiples secteurs d’activité, dans leur prise de décisions opérationnelles et stratégiques. « Nos services permettent de préserver les personnes et les biens en anticipant la survenue d’inondations. L’analyse des mesures effectuées en temps réel sur le terrain par les micro-stations du réseau vorteX-io autorisent notamment l’envoi automatique d’alertes, en cas de risque, donnant un précieux temps d’avance aux utilisateurs de la plateforme : collectivités, associations, professionnels de la sécurité civile, industriels, etc. », affirme t-il.

Objectif : 24 millions de CA

Mais l’ambition de vorteX-io ne s’arrête pas là ! L’objectif de l’entreprise est d’augmenter ses salariés, 21 postes sont à pourvoir d’ici les deux prochaines années et souhaite atteindre un chiffre d’affaires de 24 millions d’euros d’ici fin 2026.

Méfiez-vous de l’eau qui dort... seulement si vorteX-io n’est pas dans les parages.

A lire aussi