Avec près de 380 000 TPE et PME en Occitanie, la Confédération des Petites et Moyennes Entreprises lance une stratégie régionale à horizon 2028. Objectif : fédérer, révéler, transformer et influencer, en donnant aux dirigeants des solutions pratiques et une représentation plus forte face aux crises et aux transitions.

Vincent Aguillera, président de la CPME Occitanie et Mickaël Lapostolle, responsable régional développement et stratégie à la CPME Occitanie. (Photo Dorian Alinaghi)
L’Occitanie compte plus de 400 000 entreprises, dont 95 % sont des TPE et PME, c’est-à-dire des structures de moins de 250 salariés et réalisant un chiffre d’affaires inférieur à 50 millions d’euros par an. Ces entreprises irriguent l’ensemble du territoire, des métropoles aux zones rurales, du littoral méditerranéen aux Pyrénées.
« Ce sont elles qui apportent l’oxygène du développement économique », résume Vincent Aguilera, président de la CPME Occitanie.
Le tissu entrepreneurial régional est non seulement diversifié – industrie, commerce, artisanat, services – mais aussi fragile : la moindre variation de trésorerie ou un retard administratif peut suffire à fragiliser une petite structure.
Dans ce contexte, la CPME revendique un rôle de premier plan pour défendre leurs intérêts, accompagner leur croissance et renforcer leur ancrage territorial. Son réseau réunit 3 000 adhérents et mobilise 13 antennes départementales. Il représente plus de 41 000 salariés, anime des centaines d’événements chaque année et se veut un relais de proximité pour des milliers de dirigeants.
Un plan stratégique né d’une conjoncture instable
Le projet « CAP 2028 » a été présenté au printemps 2025, dans un environnement particulièrement incertain : crises successives depuis la pandémie de 2020, guerre en Ukraine, tensions énergétiques, inflation persistante, instabilité politique en France. Un sondage Odoxa publié en août 2025 indiquait que 70 % des Français souhaitent que les entreprises prennent davantage la parole dans le débat public, jugé dysfonctionnel par 79 % d’entre eux.
La CPME Occitanie entend répondre à cette attente en s’affirmant comme la voix des TPE-PME. « Contrairement aux grands groupes, les petites entreprises n’ont aucune marge de sécurité. Notre rôle est de leur offrir un soutien immédiat et des relais d’influence », souligne Vincent Aguilera.
Fédérer et structurer un réseau puissant
Premier axe du plan, le renforcement du maillage territorial. L’objectif est de donner plus d’autonomie et de moyens aux CPME départementales afin qu’elles puissent agir en proximité. Des groupes de travail inter-départementaux verront le jour pour partager les bonnes pratiques, un calendrier commun des événements régionaux sera établi et un kit de communication unifié sera déployé.
La CPME ambitionne aussi d’assurer une autonomie financière durable aux antennes locales, via la diversification des financements (cotisations, partenariats, subventions). Ce modèle vise à renforcer la professionnalisation des équipes locales et à garantir aux adhérents des services de qualité, tout en conservant un appui régional coordonné.
Devenir un interlocuteur de référence
Deuxième axe, la CPME veut se positionner comme l’interlocuteur incontournable des institutions régionales et nationales. Cela passera par des partenariats stratégiques avec de grands groupes privés (banques, assureurs, ESN), des branches professionnelles (BTP, métallurgie, hôtellerie), ainsi que des institutions comme la Région, Bpifrance, les CCI et CMA.
L’organisation prévoit également un « Test PME Occitanie », sur le modèle de la démarche nationale, afin d’évaluer l’impact des politiques publiques régionales sur les petites entreprises. Un rapport d’influence sera publié pour rendre visible les instances dans lesquelles la CPME est représentée – CESER, URSSAF, tribunaux de commerce, organismes de formation – et informer les adhérents du rôle et des actions de leurs mandataires.
Un plan média régional sera lancé pour accroître la visibilité des prises de position, complété par un podcast mensuel intitulé Cash PME, conçu comme un espace de parole sans filtre pour les entrepreneurs.
Le « Pacte Occitan » : rapprocher PME et grands comptes
Troisième axe : apporter des solutions concrètes aux défis des dirigeants. La CPME mise sur le « Pacte Occitan », une initiative inédite visant à faciliter l’accès des PME aux marchés des grands groupes. Airbus, Pierre Fabre, Thales, Royal Canin, Perrier et d’autres ETI régionales sont cités parmi les partenaires envisagés.
Le dispositif reposera sur trois piliers : une « Journée Achat » réunissant acheteurs et entrepreneurs, une plateforme digitale exclusive pour mettre en relation PME et grands comptes, et des visites confidentielles au sein de grandes entreprises. Un comité de pilotage garantira le suivi et le respect des engagements.
Ce programme s’appuie sur un financement mixte : cotisations des grands groupes, subventions publiques (Région, Bpifrance, DREETS, fonds européens) et soutien du Club ETI.
PME Bootcamp 360 : transformer en un an
Autre initiative phare : le « PME Bootcamp 360 », un programme intensif sur douze mois pour dix entreprises sélectionnées. Chaque dirigeant bénéficiera d’un accompagnement personnalisé, de formations collectives dispensées par une grande école et d’un mentorat assuré par des dirigeants expérimentés.
Des immersions trimestrielles auprès d’investisseurs et de décideurs permettront aux participants de renforcer leur visibilité et d’accroître leurs opportunités de croissance. Le parcours se conclura par une restitution publique devant l’écosystème économique régional.
PME Xperience : « vivre l’entreprise autrement »
La CPME souhaite également faire émerger de nouveaux formats d’événements. PME Xperience, soutenue par la Région Occitanie et Bpifrance, se distingue par son approche participative. La journée s’articule en trois temps : un « Choc des idées » le matin, un « Confessionnal PME » l’après-midi, et une soirée « PME No Limit » autour du témoignage d’une personnalité inspirante. L’objectif : libérer la parole, provoquer le débat et favoriser le réseautage dans un cadre différent des conférences classiques.
Quatrième et dernier axe : renforcer la gestion des mandats. La CPME Occitanie veut harmoniser les prises de position de ses représentants dans les différentes instances. Une cartographie des mandats sera établie, des formations dispensées aux mandataires et des outils de valorisation mis en place. Cette stratégie vise à ce que chaque adhérent sache précisément qui le représente et sur quels sujets, pour renforcer la transparence et l’efficacité du plaidoyer patronal.
Une organisation qui se veut « force de solutions »
Pour Vincent Aguilera, le soutien unanime des CPME départementales à sa réélection en mai 2025 illustre la volonté collective d’avancer. « Ce cap, c’est celui d’une CPME utile, réactive et force de solutions concrètes pour les chefs d’entreprise. Ce cap, c’est celui d’un réseau qui ne lâche rien pour défendre ceux qui entreprennent », résume-t-il.
Avec l’ambition de doubler ses adhérents, 6000 précisément, et d’élargir son influence d’ici trois ans, la CPME Occitanie entend s’imposer comme un acteur incontournable de la représentation patronale régionale.