Toulouse. Les Halles de la Cartoucherie confirment leur cap : 2,2 millions de visiteurs, près de 500 événements et une saison 2025-2026 tournée vers la « transition juste »

Deux ans après l’ouverture au public, les Halles de la Cartoucherie s’installent comme un repère métropolitain aux frontières du sport, de la culture, de la restauration, du coworking et de l’action sociale. En 2024, le site a comptabilisé plus de 2,2 millions de passages, environ 400 rendez-vous culturels et 250 événements privatisés, tandis que la salle de spectacles La Cabane a bouclé une première saison à plus de 43 000 spectateurs. À l’heure d’une nouvelle année de programmation, le lieu revendique un modèle coopératif et une ambition : contribuer, à son échelle, à la « transition juste ».

Les Halles de la Cartoucherie (Toulouse) confirment leur dynamique : plus de 2,2 millions de visites en 2024, et une première saison de La Cabane conclue à 43 290 spectateurs sur 87 dates. (Photo Dorian Alinaghi Entreprises Occitanie)

Les Halles de la Cartoucherie (Toulouse) confirment leur dynamique : plus de 2,2 millions de visites en 2024, et une première saison de La Cabane conclue à 43 290 spectateurs sur 87 dates. (Photo Dorian Alinaghi Entreprises Occitanie)

Implantées au cœur de l’écoquartier toulousain de la Cartoucherie, dans un bâtiment industriel réhabilité long de 190 mètres, les Halles accueillent chaque jour un flux continu de publics autour d’usages multiples : restauration, pratiques sportives, activités artistiques, espaces de travail, rencontres citoyennes et temps familiaux. Labellisé « lieu totem » par Toulouse Métropole, l’équipement conjugue accès libre, ouverture 7 jours sur 7 et gratuité d’une grande partie de la programmation.

Lors de la conférence de presse, le jeudi 4 septembre 2025, le directeur général Landry Olivier résume la ligne : ici, l’« hybridation » s’accélère, et le projet se pense comme « un lieu en capacité de porter la transition juste », c’est-à-dire concilier environnement, économie, société et gouvernance démocratique à l’échelle d’un équipement de proximité. Les volumes 2024 donnent la mesure du défi : plus de 2,2 millions d’entrées cumulées (Halle Nord et Halle Sud), près de 400 événements culturels produits ou coproduits et quelque 250 rendez-vous privatisés, tout en maintenant un haut niveau d’accueil et de services.

Pour Landry Olivier : « l’équipement est pensé comme un lieu en capacité de porter la transition juste, boussole d’un projet qui marie hybridation, hospitalité et renouvellement des usages.»

La programmation, cœur battant : une saison 2025-2026 plus dense, plus ouverte

Entre septembre 2024 et septembre 2025, près de 500 événements ont irrigué le quotidien des Halles, dont 90 à La Cabane. La nouvelle saison s’appuie sur trois programmatrices invitées. Côté concerts, Lisa Labatte revendique une ligne « inspirante, inclusive et accessible », attentive aux scènes émergentes locales et à la place des femmes et des minorités de genre, avec l’idée de « faire dialoguer les esthétiques » et les générations. Des soirées mensuelles au Forum sont annoncées à partir de janvier 2026, en partenariat avec des structures toulousaines.

Le jeune public dispose désormais d’une saison dédiée conçue par Émeline Duchemin : au cœur des vacances scolaires, le Forum se mue en théâtre à taille humaine pour accueillir des compagnies locales, avec un fil conducteur : transmettre par l’humour, le jeu, le récit et la musique, en élargissant l’accès à la culture aux plus jeunes et à leurs familles.

Émeline Duchemin, en charge du jeune public explique : « une saison pensée pour faire aimer le monde aux plus jeunes, en mêlant humour, enquête, poésie et musique dans un format accessible pendant les vacances.»

Les « Mercredis DJ », confiés à Mamelle Bent, poursuivent un cap clair : des soirées populaires et dansantes, du hip-hop à l’électro en passant par les musiques afro et latino, et surtout un « pont » entre la scène des Halles et des artistes qui accèdent rarement à ce type de dispositif, notamment racisé·es et sexisé·es. L’ambition : installer un rendez-vous fédérateur tout en renforçant l’identité accueillante et engagée du lieu. 

« Les Mercredis DJ permet de faire des soirées un pont entre le lieu et des artistes qui disposent rarement de ces scènes.» explique-t-elle.

La Cabane, scène plurielle et partenaires locaux en première ligne

Ouverte en septembre 2024, La Cabane enchaîne une deuxième saison étoffée. Modulable, elle accueille 740 personnes en fosse + gradins (440 en tout-assise), et a déjà rassemblé 43 290 spectateurs sur 87 dates en 2024-2025. L’équipement renforce ses collaborations territoriales : Bleu Citron pour une série de concerts (de Puggy à Arthur H ou Berywam), Regarts, Noiser, Dub Society, Euterpe, DME/Disclosure, Ctouc, Le Printemps du Rire ou encore Bulle Carrée. Au programme : musique majoritaire (environ 80 % des propositions), mais aussi danse, théâtre, cirque et humour, avec 10 à 20 dates supplémentaires sur la saison.

Les temps forts s’enchaînent à l’automne : La Nuit des Chercheurs le 3 octobre, le Pink City World Battle dans la foulée, puis le retour du festival Girls Don’t Cry en décembre. Des rendez-vous réguliers s’installent comme les sessions « Dub Shack » trimestrielles et des propositions musicales dominicales, pour rythmer les fins de semaine en famille.

Restauration : une Place du Marché qui s’agrandit et expérimente

Sur 3 000 m², la Place du Marché décline une géographie culinaire populaire et métissée, entre patrimoines d’Occitanie et saveurs du monde. Vingt-cinq stands servent du matin au soir, épaulés par des bars engagés dans les circuits de proximité et par le restaurant « Le Refuge » côté Halle Sud. Depuis la rentrée de septembre 2025, six nouvelles enseignes rejoignent l’offre : Coolquilletes, Shali, Maître Ramen, Bobine, Mezcal et Ekylibre, tandis que le restaurant d’application La Source monte en mezzanine pour passer au service à table.

Le moteur de transformation se niche aussi dans le modèle économique. Les Halles appliquent un principe de loyer dégressif qui incite les exploitants à progresser sur trois fronts : achats durables (objectif 60 %), conditions de travail et inclusion (par exemple le recrutement de personnes éloignées de l’emploi), réduction du gaspillage et des déchets (consigne, portions ajustées, dons alimentaires). Cette ingénierie sociale vise à aligner pratique commerciale quotidienne et objectifs de transition.

Sport, mieux-être et arts : un écosystème quotidien

Sous le même toit, l’UCPA développe un univers sport-santé de 900 m² : cours collectifs (renforcement, cardio, bien-être), plateau cardio-musculation en accès libre et quatre terrains de squash. L’approche se veut modulable, du libre-service au coaching individuel, via une équipe d’éducateurs sportifs. Dans un esprit proche, The ROOF Toulouse déploie un triptyque escalade-mieux-être-petite enfance sur 2 000 m². Salle de blocs, espaces d’entraînement, mur connecté, yoga, pilates et activités parents-enfants composent une proposition inclusive et intergénérationnelle.

Autour, les pratiques artistiques irriguent l’année : arts du cirque avec Korkoro, danses hip-hop avec Break’in School, créée par Abdel Chouari, ateliers et permanences associatives hebdomadaires (centre social ASSQOT, La Passerelle Surdicécité, ludothèque de quartier, MJC Roguet, APTE Occitanie). Au total, 135 cours hebdomadaires sont annoncés, dont 53 fitness, 25 escalade, 24 mieux-être et 15 danses. L’objectif : faciliter le passage d’un usage à l’autre et ancrer ces pratiques dans la vie du quartier.

Apprendre, produire, travailler : écoles, coworking et services

Deux écoles ont pignon sur place. La Source, école de cuisine militante, forme en continu ou en alternance à des techniques de cuisine adossées à des enjeux concrets : alternatives végétales, lutte contre le gaspillage, approvisionnements responsables. Son restaurant d’application, labellisé 3 macarons Écotable, ouvre désormais en mezzanine. Dans un autre registre, SAE Institute, acteur international de l’audiovisuel fondé en 1976, installe un campus toulousain aux côtés de Bordeaux, Lyon et Nantes, pour former aux métiers du son et de l’image. Ensemble, ces écoles rassemblent environ 140 apprenants chaque année.

Pour les professionnels, 1 300 m² de bureaux et un coworking de 150 postes et salles de réunion accueillent entreprises, associations, indépendants et organismes de formation. Au-delà des espaces, une offre clé en main pour conventions, séminaires, journées d’étude, dîners de gala ou soirées d’entreprise se structure entre les Halles et La Cabane. La librairie indépendante L’Autre Rive, le concept-store Mercy et un kiosque MAIF complètent l’écosystème par des services de proximité, des animations et une vitrine de la création locale.

Un pilotage coopératif et une démarche d’insertion par l’emploi

Le projet repose sur un attelage coopératif. La SCIC Cosmopolis pilote l’activation culturelle, la communication, l’exploitation de certains espaces (dont La Cabane) et la commercialisation du coworking, en coordonnant les pratiques des exploitants. La SCIC Festa opère la Place du Marché avec une équipe dédiée, dans une logique d’expérimentation et d’ancrage local. The ROOF Toulouse (SCOP) et l’UCPA assurent la colonne vertébrale sportive. La SCIC Allô Bernard joue, elle, la conciergerie et l’insertion, en structurant des emplois polyvalents (sécurité, billetterie, logistique, plonge, manutention) et un accompagnement social hors temps de travail.

Le modèle économique agrège financements publics et privés via Lotjas (Caisse des Dépôts, Bellevilles, De Watou, UCPA, The ROOF Toulouse, TMCO, Pour la Route). Il mobilise des fonds européens (FEDER), la région Occitanie, Toulouse Métropole, Action Logement, le Centre national de la musique, la CAF de Haute-Garonne, ainsi que plusieurs partenaires bancaires (Crédit coopératif, Caisses d’Épargne, Banque Postale, Crédit Mutuel Arkéa, NEF, IFCIC).

Calendrier, rites et temps forts : une saison maillée sur toute l’année
La Saison 3 installe ses rendez-vous hebdomadaires : débats scientifiques, environnementaux et philosophiques le mardi, DJ sets le mercredi, soirées ludiques le jeudi, propositions jeune public le dimanche et pendant les vacances. Des marchés de créateurs et des ventes éphémères ponctuent deux week-ends par mois. Les festivals jalonnent l’année : en septembre la Boum d’anniversaire et la Grande Semaine du végétal, à l’automne la Nuit des Chercheurs, le Pink City World Battle et Amlili Amazigh, en hiver Girls Don’t Cry puis « Noël à la Cartoucherie », au printemps Faire Écologie et Pagaille, avant Bliss en juin et Zico Zilo l’été.

Une réhabilitation exemplaire au service d’un quartier en mutation

Portée par le promoteur Redman (société à mission, certifiée B Corp), et les agences Compagnie Architecture et OECO Architectes, la réhabilitation a privilégié le réemploi, les matériaux biosourcés ou de provenance locale, les granulats recyclés et la ventilation naturelle, avec un réseau mutualisé pour le chauffage et le refroidissement. La région Occitanie a soutenu l’opération à hauteur de 1,7 millions d'euros via le programme NoWatt, au titre d’une éco-rénovation visant un impact moindre tout au long du cycle de vie du bâtiment. En chiffres, le site affiche 13 500 m² de surface et 17,6 millions d'euros de travaux.

Au-delà du bâti, l’environnement urbain confirme son cap : 33 hectares, 3 600 logements, 6 000 habitants et 1 000 salariés à terme, des espaces verts, des commerces, des équipements publics et de l’enseignement supérieur, des mobilités douces et des parkings mutualisés. À proximité, l’hôtel Sangha, « Les 500 », et bientôt le cinéma Véo Cartoucherie (ouverture annoncée en octobre 2025, quatre salles) accentuent la vocation de quartier de vie.

 

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